Matan ZANGAUKER

Je m’appelle Matan Zangauker et je suis né le 18 décembre 1999 à Ofakim, dans le sud d’Israël. Je suis l’aîné de ma famille.
Mes parents, Einav et Yaron, se séparent quand je suis encore jeune, et je grandis auprès de ma mère et de mes deux sœurs cadettes. Très tôt, je prends des responsabilités, je deviens un repère pour mes sœurs, un soutien constant pour ma mère. Je suis de nature calme, discret, généreux. On dit souvent de moi que je pense toujours aux autres avant de penser à moi même.

Je vis au kibboutz Nir Oz, tout près de la frontière avec Gaza. Là bas, je mène une vie simple, paisible, avec ma compagne, Ilana Gritzewsky. Elle est née à Cancún, au Mexique, et elle est arrivée en Israël à l’âge de 16 ans dans le cadre du programme Na’ale, qui permet à de jeunes juifs de venir faire leur lycée ici. Elle a choisi de rester.
On s’est rencontré au kibboutz, et on a construit notre vie ensemble. Ilana travaille dans l’éducation spécialisée, elle s’engage beaucoup pour les autres. On partage les mêmes valeurs. On vit dans une petite maison, on cultive notre intimité, nos amis, notre famille. On pense à l’avenir

Le 7 octobre 2023, tôt le matin, des sirènes retentissent. On comprend vite que ce n’est pas une alerte ordinaire. On se précipite tous les deux dans la chambre sécurisée. Je tiens la poignée de la porte de toutes mes forces. Je tente de rassurer Ilana. À 10 h 08, j’envoie un message à ma mère : « Il y a des gens ici. Ils essaient d’entrer. »
Peu après, des hommes armés du Hamas forcent l’entrée de notre maison. Ils nous attrapent. Ils nous emmènent de force en moto et en camion jusqu’à Gaza. Je suis, depuis, détenu otage dans les conditions très difficiles qui ont été reportées par les anciens otages.

Lorsqu’Ilana a été libérée en novembre 2023, après 51 jours de captivité, elle témoigne, elle parle de la peur constante, de la faim, de l’humidité, de l’humiliation, des blessures. Elle dit avoir perdu 11 kilos, subi des brûlures, une perte d’audition d’une oreille, une mâchoire disloquée. Elle raconte aussi qu’elle a été harcelée sexuellement pendant l’enlèvement. Malgré cela, elle trouve la force de continuer. Elle se bat pour moi, comme ma mère. Ensemble, elles parlent, elles manifestent.

Ma mère, Einav, ne lâche rien. Elle parle partout, elle se fait entendre. Elle devient une figure publique malgré elle. Elle reçoit un prix pour son courage. Mais ce qu’elle veut, ce n’est pas une médaille : c’est me retrouver.

Le 7 décembre 2024, plus d’un an après mon enlèvement, une vidéo de propagande me montre vivant. Dans cet enregistrement, je parle de la faim, de la peur, de la souffrance. Je parle aussi de ma déception : j’appelle les autorités israéliennes à tout faire pour nous sortir de là.

Nous sommes encore 48 otages encore en captivité à Gaza, dont à priori 20 encore vivants.

 

  • Lieu d’enlèvement : Nir Oz
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