Je m’appelle Ziv Berman et je suis né avec mon frère jumeau Gali, en 1997, au kibboutz Kfar Aza, à quelques kilomètres de la frontière de Gaza. Nous grandissons ensemble dans ce coin de terre, entre les champs et les rires d’enfants, dans une communauté qui nous a appris le partage, la responsabilité et la solidarité.
Nous avons deux frères aînés, Liran et Idan, toujours là pour nous guider et notre mère, Talia, qui vit aussi au kibboutz. Elle s’occupe de notre père, atteint de la maladie de Parkinson. Nous formons une famille très unie, malgré ces épreuves et tous les quatre, nous portons le même tatouage d’ours, pour notre nom : Berman, “bear man”. C’est notre lien, gravé à vie.
Je travaille avec Gali dans notre entreprise d’éclairage et de son, Sincopa 2002, au kibboutz. Je suis le plus calme des deux donc je m’occupe de la technique, du matériel, du montage, pendant que lui s’occupe des gens, des clients, de l’énergie. On se complète parfaitement. On fait briller les fêtes du kibboutz, les concerts, les cérémonies. J’aime voir la lumière s’allumer au moment juste, comme si tout prenait enfin sens.
Nous aimons aussi le football : Gali est fan du Maccabi Tel Aviv, et moi de Liverpool. Nous jouons d’ailleurs ensemble dans l’équipe du kibboutz, les Kfar Aza Foxes. Le vendredi, on joue jusqu’au coucher du soleil, avant de rentrer pour dîner en famille. Ces soirs là, tout semble paisible, simple, comme si rien de mal ne pouvait arriver.
Le 7 octobre 2023, à l’aube, les sirènes hurlent. D’abord, on pense à une roquette de plus. Puis, tout s’effondre. Des messages arrivent : “Ils sont entrés.” Je me réfugie dans la pièce sécurisée, mais les tirs, les cris, les explosions se rapprochent.
Je perds le contact avec Gali. Lui, je l’apprendrai plus tard, est sorti pour rejoindre notre amie Emily Damari, qui était seule. Les terroristes finissent par me trouver aussi. Ils me capturent et m’emmènent vers Gaza. Gali, lui, est pris ailleurs. Nous sommes séparés dès le départ.
Pendant des mois, plus aucun signe, aucun mot, mais notre famille refuse d’abandonner. Ils frappent à toutes les portes, organisent des veillées, des rencontres, des témoignages.
Puis, en février 2025, après plus de 490 jours de captivité, un signe de vie arrive. Les autorités israéliennes confirment que Gali et moi sommes encore en vie, détenus séparément à Gaza. Ce n’est pas la liberté, mais c’est un souffle d’air.
Depuis, ma famille continue d’espérer. Liran parle souvent de nous : il raconte comment Gali rit fort, comment moi je garde toujours mon calme. Il dit qu’on se complète, même à distance.
Aujourd’hui encore, Gali et moi, nous faisons partie des otages toujours vivants à Gaza, et nous attendons le jour où nous reviendrons à Kfar Aza, ensemble, chez nous, pour rallumer nos lumières et faire à nouveau danser le kibboutz.
Juste avant le jour de Kippour 5786, Emily Damari, dont nous sommes très proches mon frère et moi, publie une vidéo très touchante sur les réseaux sociaux où elle nous demande pardon de ne pas avoir encore réussi à nous sortir des tunnels du Hamas.
Le 10 octobre 2025 à 12h, un cessez le feu de 72 heures a démarré, comme le stipule le plan Trump, signé par toutes les parties, qui prévoit la libération imminente de tous les otages.
Nous sommes encore 48 otages en captivité à Gaza dont 20 encore vivants.
- Lieu d’enlèvement : Kfar Aza
- Source :
- Réseaux sociaux : https://www.instagram.com/bring_ziv_and_gali_home?igsh=YzVkODRmOTdmMw==